Dans Le Principe responsabilité (1979), le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993) nous interroge : pourquoi le développement engage-t-il notre responsabilité ? S'il ne se résume pas aux diverses formes du progrès moderne – augmentation de la production, amélioration des conditions et de l'espérance de vie, etc. –, le problème du développement ne se pose-t-il pas pour nous de façon et dans des termes radicalement nouveaux ?
Sans doute déjà, dans l'Antiquité grecque – comme on peut le lire dans l'Antigone de Sophocle (495-406 av. J.-C.), aux vers 325 et suivants –, les sages ne louaient-ils pas les merveilles de la technique sans laisser crainte et anxiété s'exprimer. L'homme est inventif et intrépide, ce qui est admirable : il traverse les mers contre vents et marées ; il tire fleurs et fruits des flancs labourés de la terre ; il chasse et pêche adroitement ; il apprivoise et domestique les bêtes sauvages qui le gardent ou le secondent à la charrue ou à la meule ; il se soigne, s'abrite, construit des cités pour faire face à l'avenir. Comme si l'intelligence de l'homme s'emparait de tout, que rien, à l'exception de la mort ne lui résistait : merveilles de la technique !
Mais n'y a-t-il pas une forme de démesure dans un tel appétit de conquête ? Sophocle, à son époque, semblait supposer que la terre et la mer étaient sans âge, invulnérables, inépuisables, infiniment fécondes et vivantes. Mais avons-nous aujourd'hui le même point de vue ? le même sentiment ?
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